la Compagnie

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Sunday, December 19, 2010

Lord Arthur investit mon salon!



Au secours ! Help !
Toujours à la recherche d’un crime imposé par un fol ukase du destin, le mystérieux Lord Arthur Savile, échappant à son créateur comme la créature de Frankenstein échappa au sien, est venu passer l’après-midi dans notre salon. Les faits se sont déroulés le samedi 18 décembre, Monsieur l’inspecteur. L’ambiance était parfaitement tranquille à l’extérieur. Paris se figeait dans l’attente silencieuse de la neige. Tout a commencé par un coup de sonnette, et quand j’ai ouvert ma porte, il était là, sur le paillasson, le chef de bande en personne, un nommé Charles Di Meglio, si je ne me trompe pas. L’œil sombre, la mèche noire, il trainait derrière lui une immense valise qui aurait pu parfaitement convenir au transport discret d’un cadavre. La malle sanglante contenait-elle le corps gonflé d’eau du malheureux Septimus Podgers ? Echoué au milieu du salon, l’énorme bagage commença bientôt à dégorger ses trésors. Un tas d’accessoires hétéroclites dignes d’un inventaire à la Prévert surgit du coffre au trésor : un trépied, une caméra, un clap, des spots, une lampe à pétrole en état de marche, un chapeau haut de forme, des gants, une jaquette noire, une élégante chemise blanche et sa cravate mordorée, un petit encrier, des feuilles de papier, des réflecteurs lumière, et quoi encore ? Pas la moindre trace de chiromancien occis, en tout cas. Au milieu du salon, dont l’élément dominant est, je dois le préciser, une grande bibliothèque couvrant deux murs, Charles, le grand maître de l’illusion, s’activait, faisant disparaitre des objets de mes étagères à mesure qu’il en faisait apparaître de nouveaux sur la table. Une photographie de Gérard Philipe, quelques verreries de Venise, un buste de Molière, furent ainsi escamotés sans pitié. Mais il ne suffisait pas de s’attaquer sans vergogne à mes maigres possessions, il fallait encore embarquer le digne David Rose dans la folle aventure, lui faire subir les outrages d’un maquillage tout en ombres et pâleur, qui transforma mon compagnon en austère bibliothécaire. C’est à ce moment-là, alors que volaient encore les pinceaux poudrés à blanc et que séchait à peine le fond de teint sur le visage transfiguré de David, que surgit le deuxième compère, en réalité le personnage principal. Un jeune homme paisible qui, ayant enfilé les vêtements de la malle, et subi à son tour le rite patient de l’application des poudres et du blush, se trouva vite transformé en un personnage élégant, surgi d’un passé qui a traversé tant les salons que les bas-fonds de Londres, Lord Arthur Savile lui-même (Thomas Lajudie), en quête de son implacable destin ! Action ! Le clap a retenti, la voix de Charles aussi. Nous voici partis pour trois heures de répétitions et de tournage. Accroupi près de la caméra, l’assistant (Pierre Dupont) note des chiffres sur ses fiches : plan 1 – prise 1. Plan 1, prise 2. On ira jusqu’à onze, allégrement. Coupez ! crie le metteur en scène. Elle est bonne ! Pas tout à fait quand même, puisqu’on recommence, encore et encore, jusqu’à complète satisfaction. Dans le salon transformé en portion de la Guildhall library, Lord Arthur, assis, se concentre sur la liste des noms des victimes potentielles. Il fait un tri dans ses relations. Qui sera l’objet de ce crime qu’il commettra par devoir, comme on se débarrasse d’une corvée, pour se conformer à l’arrêt du destin? Lady Gladys, pourquoi pas ? Charlus (tiens, un clin d’œil à Marcel…)? Le doyen de Chichester? Le sombre bibliothécaire apporte des ouvrages, un peu suspicieux, un peu hautain. On lui demande des livres étranges, qui sentent le souffre. Et voici qu’on le rappelle, pour lui réclamer d’une voix hésitante un livre plus compromettant encore : la Toxicologie d’Erskine. Tout cela est bien suspect… Le soir descend, la pénombre se glisse. Quelques gros plans encore et voici que le trio remballe, effaçant toutes ses traces.
Voilà toute l’affaire, Monsieur l’inspecteur. Je vous jure que j’ignorais tout des sombres desseins de mes visiteurs. N’imaginez pas que je sois leur complice ! Je croyais innocemment qu’ils tournaient un film… Si ça peut vous aider, j’ai quand même un indice. Je connais le nom de leur commanditaire. Un homme à la réputation fâcheusement compromise à ce qu’on dit : un certain monsieur Oscar Wilde.
Danielle Guérin.

Thursday, December 16, 2010

L'ancient Phénix renaît de ses cendres.

Le premier avril, et notre très-attendu concert au musée Carnavalet, se rapprochent, et nous avons aujourd'hui filé notre spectacle autour des sonnets de William Shake-speare, To.The.Onlie.Begetter., pour la première fois depuis sa création il y a déjà six mois.
Bien entendu (et heureusement), la chose n'est pas présentable en l'état. Il y a du travail à la pelle, mais de beaux restes.
Comme toujours, la répétition a commencé par quelques raccords, sur les grands ensembles difficiles, Sweet ayre de Hume, ou Goe crystall teares de Dowland. Et immédiatement, dès les premières notes, nous voilà tous les quatre instantanément replongés dans l'atmosphère doucement mélancolique du spectacle.
Mais ce qui était avant tout intéressant dans notre répétition, c'était justement de voir comment le spectacle avait mûri dans nos esprits, comment il avait évolué avec nous depuis le mois de mai. De voir les différentes perceptions que nous avions maintenant des pièces, des textes, de la mise en place, même. Et si nous avions déjà décidé de changer ou de rajouter des pièces, d'autres propositions ont encore vu le jour.
Et le travail qui s'annonce semble plus exaltant encore que notre séance pourtant bien enthousiasmante, et l'idée de repartir à la découverte de ces textes si riches, et des pièces musicales si intenses, de les explorer plus à fond encore, de les faire résonner avec une profondeur retrouvée et nouvelle, de les décortiquer pour mieux les faire jaillir dans un cri d'amour, m'enchante au plus au point, et me donne grande hâte de nos prochains rendez-vous.
Charles.

Saturday, November 27, 2010

De l'éclairage à la bougie, et de Vénus en fourrures.


Le tournage d'une des séquences clés de notre film, où notre héros, perdu, hypnotisé par ses pensées qu'il ressasse depuis plusieurs jours, prend une décision qui va faire basculer le film, a sans doute été, pour moi, une des plus belles journées sur le plateau de Lord Arthur Savile's Crime.
Je voulais une scène d'un intimisme presqu'indécent, qu'on n'ose qu'à peine regarder ce qui nous est montré, dans un plan que je rêvais digne de Dreyer, de La Passion de Jeanne d'Arc, lorsque Falconetti relève lentement la tête qu'on vient de couronner de sa pitoyable couronne de jonc tressé, du dernier plan Michael, lorsque le jeune homme apprend la disparition de son mentor, un plan qui m'a bouleversé la première fois que je l'ai vu, sans que je pusse encore savoir pourquoi.
Thomas et moi étions seuls sur le plateau, sur lequel plannait en boucle la très-lancinante Venus in Furs des Velvet Underground — une chanson qui m'est apparue comme une évidence, il y a quelques jours, et qui, en la récoutant, à clarifié toute la scène dans mon esprit. Seuls, Thomas sur un lit encadré de draperies damassés et pourpres, dans un peignoir bordé de peau de léopard, moi, plus loin, derrière la caméra — Arthur, Thomas, étaient donc isolés, confrontés à leur seule fragilité grâcile.
Tout autour de mon acteur, et nous séparant, plus de six-cents bougies, et trente mètres de papier d'aluminium, suspendu au plafond, sous les bougies, pour mieux réflechir la lumière.
Car je ne voulais aucune lampe électrique pour cette scène — pour plonger d'avantage Thomas dans son monde, plus encore que ne le permettait déjà la musique, et pour en rendre l'aspect bien plus irréel, ce qu'une ampoule, avec sa précision, n'aurait pas permis.
Les flammes oscillaient, baignaient le studio d'une chaleur apaisante, faisaient trembler les reflecteurs dans un doux bruissement, et Lou Reed entraînait calmement Severin dans sa terrible luxure.
Nous étions hors du monde, du temps, concentrés mais détendus, et la caméra tournait sans que je ne l'arrête entre les prises (dussè-je m'en mordre les doigts au montage), pour ne pas interrompre ce qui se passait.
Bien que vidés à la fin de la journée, nous étions heureux, détendus, doux et tranquilles.
Charles.

Saturday, November 13, 2010

Une autre journée sur le plateau de Savile.

Le tournage a lieu dans le début de l’après-midi. Il pleut à Paris sans discontinuité depuis plus d’une semaine. Les trottoirs dégoulinent d’humidité. Les visages sont fatigués de ce déversoir de pluie qui ne cesse pas. L’hiver s’annonce rude, malhabile, irrespirable. Le monde entier est plié dans une sorte de tristesse creuse. Le ciel est entaillé de vent. Paris est semblable à Londres, à cause de ces dégueulis d’eaux et de fraicheur. Ca tombe bien. Le film a lieu à Londres, dans un temps décalé du début du siècle, ou de fin de siècle, c’est incertain. On ne sait pas. On sait que c’est un temps où l’on boit goulument du champagne, l’on fume des Gitanes au goût amer, l’on se défonce à l’absinthe et l’on rêve un monde foudroyé. Pendant ce temps-là, Liszt termine d’écrire pour le piano des pièces injouables, fatiguées de romantisme et excédées de modernité. Wilde appartient à ceux-là que la décadence a réconciliés avec la césure nécessaire entre les temps anciens et la modernité.
C’est un film à propos de la décadence. Les acteurs sont attendus pour jouer une scène à demi-mots. La plupart des acteurs se préparent à un naufrage de nudité et d’érotisme. C’est une scène, la scène 7 exactement, qui ouvre véritablement à l’obsession sensuelle de son auteur, dans un plaidoyer de peaux et de chairs neuves.Le réalisateur reçoit ses acteurs dans un appartement immense qui ressemble à un palais hongrois. Les couloirs sont longs, percés de chambres obscures, comme des trésors. C’est un appartement du seizième arrondissement parisien, fabriqué à la manière d’un kaléidoscope où les pièces s’entrecroisent et se décroisent, faisant surgir à l’ombre d’elles-mêmes des pliages d’autres pièces. C’est un endroit de cinéma. C’est hors temps. Nous sommes quelque part entre 1850 et 1900, à Londres, disons dans un espace parallèle de Londres, conçu de mousseline et de cristal. Véritablement, les décors tels qu’ils sont pensés jouent avec l’ambivalence des périodes. Il est difficile de situer la scène dans un temps saisissable. Les draperies et les lumières suggèrent l’esbrouffe des artifices baroques. La mécanique des personnages sur le papier font penser au cinéma muet naissant. Le renfort d’accessoires, la nudité des acteurs, les vapeurs de fumée amènent aux terminaisons décadentes du romantisme.
Charles Di Meglio dirige avec la musique. Il guide ses acteurs dans l’évanescence de la musique. Chaque prise s’ennoblit d’un trémolo supplémentaire de piano. Les acteurs s’exécutent sur des pièces de Liszt et de Saint-Saëns. Indifféremment, Liszt ou Saint-Saëns, comme si l’œil de la caméra pouvait rassembler l’antagonisme des années, comme si la solitude du piano et la légèreté de l’orchestre des danses macabres ne faisaient qu’un. Il y a de la démence et du ricanement dans la manière dont Charles Di Meglio encadre ses figurants. Nous devenons lui, dans l’ambiguïté de ses fantasmes et le détachement que lui confère sa posture de réalisateur. Souvent, il crie : Ecoutez la musique! Et quand les acteurs se laissent aller à l’éblouissement de la musique, la caméra enregistre sereinement le ruissellement des peaux. Car les peaux sont ruisselantes. Souvent, il dit avec du rire dans la bouche qu’il n’y a d’homosexualité que dans le film qu’il tourne, que la nudité de ses acteurs n’existe pas en dehors de la chose filmique. Pourtant, moi je crois que la nudité dépasse l’enjeu même du film, qu’elle préexiste au regard du réalisateur, que, plus que quiconque, Charles connaît ses deux acteurs, Eliott et Arthur, au firmament de leur nudité. Eux-mêmes savent que l’exposition de leur chair procède d’un éventrement de désir. Ils se laissent aller une journée entière au hasard de la caméra, dans la jubilation de l’œil qui filme, au hasard de cette toute-nudité. Et puis, il y a ces deux acteurs, amants dans la vie, qui s’embrassent à pleine bouche. Il y a de la jouissance presque dans l’étranglement des bouches. Des bouches suffocantes qu’on a envie de saisir avec soi, dans l’antre de la caméra.Et il y a JB, mon amant, qui engage à la nudité de l’acteur dans un geste de démesure. Je ferme les yeux et je pense à nos lèvres affamées de sexualité.
Le soir, la scène est terminée. Ça n’appartient plus qu’à l’auteur. Les acteurs peuvent mourir. D’ailleurs, les rushes donnent à voir un film muet de début de siècle où les corps sont défigurés par le brouillard. La nudité est disparue soudain du champ même de l’image. Simplement suggérée, comme une caresse. Les acteurs peuvent mourir, c’est mieux ainsi. Un moment de crépuscule dans l’éclaboussure du champagne et des cigarettes qui se termine. La pluie dehors continue de tomber sur Paris.
Laurent Cambon.

Wednesday, November 3, 2010

Une journée sur le plateau de Savile.

Premier novembre 2010. Charles m’invite à passer une journée sur le tournage de son film Lord Arthur Savile’s Crime.
Pour moi qui n’avais aucune expérience de cet ordre-là, je dois dire que j’ai été enchantée par le décor sombre et effrayant sur lequel nous tournions ce jour-là, et cette atmosphère toute particulière que Charles a su créer.
Et heureusement que j’étais là! — car la première assistante était ce jour-là très indisposée et ne pouvait venir. J’ai donc bien sûr mis la main à la pâte pour finir de mettre en place le décor, ce qui a occupé une bonne partie de la matinée: même si l’essentiel était prêt, restait à remanier une myriade de petits détails, installer les quatre-cents bougies qui éclaireraient la scène…
Même si, en bonne Cosette, je n’ai pas pu résister à la tentation me plaindre de mes petits doigts meurtris par l’allumage des bougies, je me réjouissais de l’avancement de mes travaux et de ceux d’Alexis, un autre assistant de passage. Progressivement, d’un couloir de cave parisienne, nous nous transportions dans la sombre et glauque West Moon Street à Londres, tel que Charles se l’était imaginée, et où, sans aucun doute, il ne fait pas bon flâner!
Malgré moi, je me laissais peu à peu gagner par ce décor peu rassurant, que nous enfumions en permanence, avec un cocktail détonnant et très odorant d’encens tibétain et de charbon, ce qui rendait l’atmosphère de plus en plus pesante et irrespirable (tant pour nous sur le plateau, que bientôt à l’image). Et lorsque Charles éteignit les lumières électriques, j’ai été saisie de terreur, à l’aspect de la rue voûté, plongée dans une semie-pénombre.
Une fois la préparation du décor terminée, le planning prévoyait de tourner deux scènes situées au début du film, sans acteurs, découvrant la rue, en travelling avant. Me voilà donc, poussant Charles sur un chariot pour qu’il puisse filmer lentement et rendre encore plus angoissante cette sente peu avenante.
Le nombre de prises a été...conséquent!
Je plaide coupable pour une grosse partie d’entre elles. Mais je crois qu’en fin de compte, Charles a tout de même eu ce qu’il désirait. C’est l’essentiel.
D’heures en heures nous avancions dans la West Moon Street, filmée dans tous ses recoins. Thomas, l’interprète de Lord Arthur, d’une ponctualité terrible, nous trouva un peu en retard à son arrivée — nous ne nous apprétions qu’à tourner la deuxième séquence! Mais la scène est bouclée plus rapidement que la première, et Charles peut répéter avec son acteur. Ils avaient déjà vu la scène ensemble il y a quelque temps, et déjà au bout d’une heure Thomas atteint ce que cherche Charles, malgré des indications parfois un peu ésotériques : ‘Là, tu essaies de rentrer dans le mur. Et tu marches comme sur des œufs…
Une fois Thomas maquillé et paré de son costume pour la scène, le moment était donc venu de tourner la séquence la plus attendue de la journée. Qui a naturellement été la plus difficile à filmer.
La fatigue se faisait ressentir au fil des prises, éprouvantes pour Thomas qui s’efforçait d’oublier les bruits alentour et le passage derrière la caméra de passants intrigués ou alarmés par l’odeur de fumée, dans cette scène très exigeante physiquement pour lui, et lui demandant une énorme concentration.
Mais quand Charles a enfin crié ‘Elle est bonne, on la refait!', bien que soulagée, j’étais aussi un peu déçue que bientôt le tournage s’arrêtât là pour moi.
Nous avons rapidement rangé le décor, et j’ai laissé Charles, Thomas et Alexis mettre en boîte la dernière séquence de la journée, devant filer.
Sur le chemin du retour, le tournage n’a pas quitté mon esprit. Ni mes habits d’ailleurs! De la tête aux pieds, j’étais couverte de cire et j’avais l’impression d’être entourée du nuage de charbon et d’encens, malgré l’air froid et revigorant du soir.
J’ai beaucoup apprécié cette expérience, toute nouvelle et divertissante qu’elle était, et j’espère vivement assister de nouveau à ce tournage complètement dingue, si la Compagnie Oghma me fait l’honneur de m’inviter à nouveau!
Annabelle Divoy.

Sunday, October 24, 2010

Deux scènes en boîte.

Nous avons tourné hier deux scènes très courtes du film, où l'on voit Lord Arthur, notre bel héros, lire le journal à Venise, y cherchant désespéremment l'annonce de la mort de sa tante.
C'était donc à priori très simple, mais c'était sans compter sur la difficulté technique de filmer une gondole dans une cour d'immeuble parisien. Car, le décor était beau, marchait sur le papier, et tout était prêt pour l'impression de la pellicule. Sauf que voilà, le décor en question s'est entièrement démembré et disloqué deux heures avant le premier tour de manivelle du film — sans parler de la caméra qui ne s'est pas privée de quelques petits problèmes techniques, après que mes assistants angéliques et salvateurs aient réussi à tout remettre sur pied à temps. Mais que serait un tournage sans accidents effroyables qui font rire nerveusement le metteur en scène désespéré?
Et puis nous avons réussi à tout filmer comme je le rêvais, tout au final, a fonctionné à merveille, la vengeance de l'équipe sur la gondole a été terrible une fois la scène en boîte — et Thomas Lajudie, notre Arthur, est parfait, tel que je savais qu'il le serait.
Vivement la prochaine journée de tournage, le premier novembre, pour de nouveaux imprévus!

Charles.

la destruction du décor par l'équipe technique, une fois la scène bouclée. Il l'a bien cherché!

Friday, October 22, 2010

Ça commence!

Comme à la veille de chaque premier jour de tournage, je suis pris d'angoisses, de doutes, je suis paniqué, comme un écrivain devant sa première page blanche, celle qui lancera le tout une fois remplie, celle qui peut aussi tout gâcher par un mauvais lancement. Tandis que les costumes, sagement rangés attendent tranquillement sur leur portant, et qu'un des décors s'imbibe de l'odeur de pétrole pour lampe, je suis extrêmement content de pouvoir commencer à filmer Lord Arthur Savile's Crime demain, très heureux de lancer cette aventure folle, de travailler avec les gens que j'ai choisis pour donner vie à ce film, mais c'est tout de même une perspective bien effrayante!
Et si la gondole que j'ai passé deux semaines à construire se démolissait pendant la première répétition; et si je n'arrivais jamais à trouver les bonnes lumières, le bon cadrage pour les deux courtes scènes que nous filmons?
Tout le film en serait affecté, car nous commençons à tourner des scènes qui arrivent au milieu de l'histoire, que nous ne construirons donc pas à la même mesure que le tournage, que les personnages se dessineront, comme ç'eût été le cas en filmant tout dans l'ordre de l'action, comme nous l'avions fait pour Les Anges distraits.

Mais, enfin, que ce tournage soit une fête, et que la fête commence!
Charles.

Monday, October 18, 2010

Les sempiternelles joies et angoisses d'un metteur en scène.

Mes journées sont très longues, très denses, en ce moment — mais si riches!
Je navigue entre le film, sa préparation, les décors et les accessoires qui se construisent, et Monteverdi, travaillant avec les chanteurs sur le texte. Et ces textes sont si forts, si prenants, qu'ils m'embarquent tout de suite, tandis qu'on s'y plonge — ils me fascinent littéralement, me submergent, même ceux des grands tubes, comme le Lamento della Ninfa, où je ne me lasse pas de découvrir sans cesse de nouvelles nuances, de nouvelles subtilités. Le même genre de sensation que lorsque nous montions Phèdre & Hippolyte, il y a trois ans; le même désir de partager mon émoi saisissant avec les interprètes, qui le prennent très-vite en compte, se laissent vite aller — comme Alice cet après-midi — laissant vite tomber les barrières qui nous protègent mais nous éloignent aussi du texte et de sa force.
Et c'est un sentiment très-doux, apaisant, qui me calme un peu, et me fait presqu'oublier mon angoisse et mon trac immenses à l'idée de commencer le tournage de Lord Arthur Savile's Crime dans moins d'une semaine — car, même si je me réjouis plus que je ne saurais dire de cette nouvelle aventure complètement folle qui s'amorce, si j'ai grande hâte de me mettre enfin à travailler avec les acteurs que j'ai choisis, si je m'impatiente de voir enfin vivre les décors qui commencent à ressembler à quelque chose, et de voir habités les costumes qui s'entassent sur de grands portants, je dois avouer que c'est une perspective qui m'effraie grandement, comme à chaque approche d'un tournage, de répétitions sur un nouveau projet…
Charles.

Monteverdi, Monteverdoche, Monteverdo.

Quel plaisir d’avoir travaillé avec Yann, notre cher contre-ténor aujourd’hui!
Quel enchantement d’entendre enfin sa voix, de s’amuser à déchiffrer Pur ti miro à deux!Nous avons donc eu une séance de travail avec notre insaisissable et, confirmant les impressions que nous avions déjà eues en le rencontrant, tout s’est passé à merveille. Une vraie aisance et sympathie s’est installée entre nous trois, ce qui ne rend le travail que plus agréable. Il était très à l’écoute lors du speech de Charles sur la déclamation et la rhétorique baroques, la primordialité de la parole etc., et très en demande d’explications. A ma grande surprise, il ne connaissait pas le solo que nous lui avions choisi, et c’est donc avec une fraîcheur presqu’inhabituelle que nous avons commencé le débroussaillage et que le travail a été lancé.Nous avons aussi travaillé, Charles et moi, sur le texte du Lamento della Ninfa.Cet air tant aimé, et si souvent entendu, m’a brutalement surprise par sa construction poétique.J’ai pris conscience, comme jamais, de l’importance du texte et de la force des mots.Sûrement un signe que le travail de Charles me fait avancer et redéfinir ma vision des choses.Tout cela s’annonce plus que palpitant; la suite au prochain numéro!

Alice.

Thursday, October 14, 2010

Meet Septimus R. Podgers.


C'est officiel maintenant, et plus moyen de reculer.
Le secret qui plane depuis quelques semaines n'en est plus qu'un de Polichinelle: la Compagnie Oghma tournera son deuxième film cette saison.
Un film muet, en anglais, d'après une nouvelle d'Oscar Wilde, Lord Arthur Savile's Crime.
Un grand film, digne de la MGM et d'Erich von Stroheim, avec un peu d'expressionisme allemand.
A vrai dire, avant de m'y atteler sérieusement, c'était une idée qui me trottait dans la tête depuis quelques mois auparavant, jusqu'à ce que, un beau soir d'août, nous ne décidions, avec Mélusine, de nous faire une petite séance de films allemands des années 20.
Du Dr Caligari à un Paul Leni, nous nous repûmes de terreur, d'horreur, de perspectives dérangeantes, de noirs et blancs contrastés.
Et c'était trop tard, l'idée qui se baladait dans mon cerveau s'y est ancrée définitivement, impossible de m'en défaire, il fallait que je fasse ce film.
Depuis, le scénario a été écrit, le casting, les repérages faits, les essais maquillage (car tout le monde, à part notre héros éponyme, sera effrayant, sale, grotesque) vont bon train, les décors et les accessoires se construisent…
Il faut bien: nous commençons à tourner le 23 octobre, et je suis mort de trac!
Charles.

Sunday, October 3, 2010

Ça avance!

La saison s'amorce bien, et les différents projets, sur lesquels le travail débute, sont une grande source de joie.
Sur Lagrime d'amanti, c'est très jouissif d'entendre pour la première les chanteurs que nous avons choisis avec Alice, dans leurs airs que nous commençons à bien connaître maintenant, après des mois de sélection, et de travail préparatoire sur les partitions. De découvrir la tendresse et la suavité d'Ilann Ouldamar, par exemple — de se rendre compte très-vite que c'est exactement la couleur de voix dont je rêvais pour Orphée. De saisir à bras-le-corps cette musique et ce texte, brusquement redevenus vivants, comme si je les découvrais pour la première fois, de se rendre compte de tout ce que nous avons encore à faire, et de toute l'extrême richesse qu'ils offrent.
Et notre grande surprise, que nous mijotons en cachette, est sur de bons rails, se prépare très-activement, dans une liesse et effervescence collective.
Promis, le secret sera bientôt dévoilé!
Charles.

Monday, September 6, 2010

La Compagnie vue par…


Sacqueboutes et Serments,
Bourrez les croûtes de froment,
Hissez les voiles!
Sarlat, crincrin, butins,
batailles et merlan.
Austère Symphonie,
soyez bavarde!
Ici sont les barques à riz,
là sont les mauvais sergents,
Va donc Bicoque!
Va donc Roland!
Epées en cuir
Topinambour,
Zéphirs félons
Battez Tambours!
Sylvestre en or
et Troubadour,
Branle-bas de Combat
Mort au Tyran!

Mélusine de Pas, violiste de l'ensemble.

Thursday, September 2, 2010

Je vais travailler avec la Compagnie Oghma!

Charles et moi avions souvent évoqué, lors de nos discussions, de travailler ensemble, projetant de monter un opéra italien pour Oghma. Mais l’idée était reportée à un avenir lointain et n’était que l’objet d’un fantasme commun.
Un soir, à une table de café dans le Marais, tandis que j’étais prise de doutes sur la saison à venir, et que nous nous interrogions sur notre avenir artistique commun, le sujet est revenu naturellement sur le tapis.
En dégustant un cocktail, la conversation s’est emballée et nous avons rappelé notre grande envie de collaborer, particulièrement sur de la musique italienne du dix-septième siècle, que je connais bien, pour l’avoir déjà pas mal abordée, et que Charles rêvait de titiller.
Les idées, d’abord plates et banales, ont très vite fusé de toutes parts, et il était difficile de nous arrêter. Nous sommes cependant assez vite tombés d’accord sur un compositeur: Claudio Monteverdi! De part nos natures respectives, la recherche de la suavité de sa musique s’imposa d’elle même.
La possibilité de mettre en commun nos connaissances sur ce compositeur nous ravit.
Comme un fait exprès, l’équipe me sembla assez vite évidente, ainsi que la collaboration avec l’Ebo dont je connais déjà bien les membres. Oghma est une compagnie que je suis de près depuis quelques années. J’ai eu la chance de pouvoir assister à ses derniers spectacles, Phèdre & Hippolyte, To.The.Onlie.Begetter. et Les Avantures d’Ulisse qui m’ont enchantée et transportée. Imaginez, pouvoir travailler avec des personnes si passionnées et qui connaissent tellement bien leur sujet !
Le choix du programme nous sembla aussi facile, malgré nos envies d’intégrer presque toute l’œuvre du compositeur.
Les idées les plus folles surgirent, nous étions prêts à ne plus en dormir pour y arriver. Enfin, arrivèrent les démarches plus terre-à-terre comme l’organisation terrible des répétitions (pas facile tous les jours de réunir six chanteurs dispersés à travers la France!), la réalisation des partitions… L’équipe au grand complet est prête à se lancer dans ce projet fou, ce travail titanesque qui nous attend, et j’attends de pied ferme le décorticage des partitions, la répartition des tâches, les prises de mesures ainsi que les grands moments d’amitié qui vont nous lier autour de ce projet.
Les répétitions sont sur le point de commencer, je trépigne d’impatience, et j’ai hâte de voir l’équipe au grand complet, réunie dans ce travail dont l’idée m’exalte au plus au point!

Alice Kamenezky, directrice musicale invitée.

Tuesday, August 31, 2010

la nouvelle saison!

Ça y est!
La nouvelle saison, la cinquième saison de la Compagnie, commence.
Après s'être retenus plusieurs mois pour ne pas trop en dévoiler, pour maintenir le mystère jusqu'à la date de son annonce, c'est toujours un grand moment qui arrive.
Un moment où l'on doute toujours un peu, forcément — a-t-on fait les bons choix, les spectacles seront-ils aussi beaux que nous les rêvons, n'a-t-on pas été trop ambitieux? — un moment que l'on attend fébrilement, après avoir planché dessus tout l'été, pour mettre en place les spectacles, leurs distributions, le planning des répétitions (pas toujours facile, surtout quand on considère certains gros projets que nous créerons cette année!).
Mais c'est avant tout un moment de liesse.
Parce que nous sommes heureux de partager avec vous nos projets, de vous en parler tandis que nous les peaufinons.

Parce qu'aussi les répétitions reprennent, et que chacun des membres de la Compagnie vont se retrouver, rejoints par d'autres, nouvelles recrues ou invités (comme Alice Kamenezky, soprano et directrice musicale invitée pour notre grand projet sur Claudio Monteverdi), pour relever ardemment les défis que nous nous sommes lancés en préparant cette saison.
Au programme, donc, quatre spectacles!
Deux reprises, dont To.The.Onlie.Begetter, notre spectacle autour des sonnets de Shake-speare qui avait eu un grand succès la saison dernière, pour lequel nous avons été invités à nous produire dans un des plus beaux lieux parisiens, et deux créations, une autour de notre grand ami, le Captaine Tobias Hume, l'autre sur les lamenti de Claudio Monteverdi.
Et peut-être une surprise!
Mais n'attendez plus, allez découvrir le programme complet de la saison sur notre site!
Charles.

Sunday, June 27, 2010

l'entre-saison.

C'est sans doute l'un des moments les plus délicats dans la vie d'une Compagnie.
Et les plus fatigants — car il faut préparer la saison suivante, tout en repensant aux joies que nous a procuré la précédente.Mais pas de temps à perdre: une nouvelle programmation, il faut la mettre en place!Certes nous nous retirons dans nos sombres laboratoires périgordins, ce qui est toujours agréable, puisqu'on s'y ressource aussi, mais qu'on ne croie pas que c'est un moment où l'on part heureusement en vacances, par monts et par vaux — au contraire, c'est presque l'une des périodes où l'on travaille le plus!Finir les distributions en cours, préparer les brochures, revoir le site internet, vous parler de projets qui sont très clairs dans nos esprits mais qui n'en existent pas moins que sur le papier, et puis, retenir la tentation grandissante de ne pas annoncer notre actualité future avant son annonce officielle le premier septembre…Mais malgré tout, notre travail est tellement un plaisir que nous ne voyons plus l'effort que nous fournissons alors, et c'est avec un bonheur jamais diminué qu'arrive ces instants très stimulants — surtout quand l'on pense à la saison qui s'annonce!
Charles.

Monday, June 14, 2010

La Compagnie Oghma a son blog!

Pourquoi diable un blog? Nous avons déjà notre site internet, notre niousletter, nous sommes sur Facebook, sur Twitter, et un peu partout sur le net. Et puis un blog c'est presque ringard.
Mais c'était une idée qui me trottait dans la tête depuis un moment déjà.
Pour vous tenir au courant de nos différents projets, bien sûr, mais surtout pour échanger au cours de la production.
Ce sera donc un lieu privilégié pour partager nos émotions, nos joies, nos réflexions, nos angoisses, à mesure qu'approchent les différentes échéances publiques et fatales qui rythment nos vies, et où s'exprimeront chacun des membres de la Compagnie, et où vous pourrez réagir à votre tour.
Vous trouverez aussi, évidemment, des dessins préparatoires, des photos de répétitions, enfin toutes ces petites choses qui construisent un spectacle dans les coulisses.
Charles Di Meglio, directeur artistique.