la Compagnie

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Tuesday, January 28, 2014

Shakespeare, au théâtre.

A une semaine de la première de To.The.Onlie.Begetter. — la prochaine création de la Compagnie sur les sonnets de William Shake-speare, où je suis seul sur scène à déclamer ces textes dont je ne puis me lasser, accompagné de mon fidèle Willie le luth — arrive ce moment plutôt chouette, mais aussi un peu délicat dans un spectacle: celui des premières répétitions dans le théâtre.










Car, on a beau répéter en imaginant précisément la scène sur laquelle on s'apprête à jouer — j'essaie de penser mes spectacles pour le théâtre auquel il est destiné, et non pas dans une vision globale transportable, et les adapte radicalement quand on les déménage — on est toujours un peu surpris: tiens, là je peux faire un pas de moins que je ne le pensais, sinon je suis dans les bougies — oh, mais si je mets mon pupitre ici, comme en répétition, je ne vois plus mes partitions — la sortie des coulisses est un peu plus étroite que je ne le pensais, tiens, je ne peux pas le faire entièrement de profil! etc.
Ce peut être un moment terrible, plein de mauvaises découvertes, quand on ne dispose par exemple pas de temps suffisant dans ledit nouvel espace, devant tout précipiter, travaillant au gros plâtre quand il conviendrait à ce moment-là d'au contraire polir son marbre. Et il y a des scènes anonymes, des scènes où l'on ne se sent pas bien, et des scènes qui nous happent tout de suite, nous portent, dès qu'on y pose un pied — citer celle de l'Opéra Royal de Versailles serait un exemple trop facile et pourtant révélateur; heureusement il y en a d'autres:
Dès les premiers instants dans le théâtre de l'Ile Saint-Louis, on se sent chez soi — pas simplement parce que la loge y est somptueuse, et la salle chaleureuse, ni parce que la scène y est confortable — mais surtout parce que l'on sent tout de suite que le spectacle en lui-même est ici chez lui.
La salle tout en bois, la scène, petite, mais suffisamment grande pour s'y déplacer sans confinement malhabile, la proximité avec le public, mais néanmoins une distance légère créée, ne serait-ce par la scène surélevée, tout y confère l'intimité dont j'avais rêvé pour ce spectacle — une intimité immédiatement renforcée sitôt nos bougies toutes allumées, nous plongeant immédiatement dans un autre monde.
Et alors que j'aurais pu rentrer chez moi, terrifié, devant transformer le spectacle dix jours avant sa première, au contraire, c'est tout heureux et détendu (enfin, presque, et les cauchemars ne vont pas disparaître pour autant – si tant est que je dorme) que je m'attèle à nouveau au travail, pour parfaire ce que ce bel écrin présentera bientôt.
Charles.