la Compagnie

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Tuesday, February 1, 2011

Déchiffrer Hume.

A la Compagnie Oghma, nous ne travaillons qu'à partir — quand nos recherches ne nous permettent pas de découvrir les manuscrits originaux — de fac-similés d'éditions originales. C'est normal — car comment être véritablement fidèle à une œuvre, comme nous prétendons l'être, sans en passer par là?
C'était le cas quand nous montâmes Phèdre & Hippolyte de Jean Racine en 2008, pour laquelle production nous étions revenus à l'édition de 1677, pour retrouver la ponctuation voulue par Racine. Evidemment, notre traduction des Sonnets de Shake-speare, pour le spectacle To.The.Onlie.Begetter. s'appuie sur l'édition de Thomas Thorpe parue en 1599 — car, malgré ses erreurs, c'est la seule à nous pouvoir apporter l'orthographe d'époque, à même de nous éclairer tant sur les ambivalences et les jeux de mots sur lesquels tranche forcément l'éditeur moderne la plupart du temps, que sur la prononciation élizabethaine. Et, lorsque nous présentâmes le spectacle en avant-première six mois avant sa création, accompagnés du contre-ténor Rodrigo Ferreira, nous avions dégotté un manuscrit inédit de Henry Lawes.
Et, naturellement, pour notre fantasque The Most excellent Inventions of Captaine Tobias Hume, nous nous tournons vers l'édition de John Widget.
Mais, ce n'est pas tous les jours un travail facile, surtout lorsque nous attaquons la lancinante Captaine Humes Lamentation, dont la qualité de l'impression est un peu branlante.
Des blanches se retrouvent ainsi transformées en noires par un excès d'encre, des silences apparaîssent ou disparaîssent, et la tablature nous laisse pantois quant à la discrimination entre en e et un c. Sans parler des bavures du verso qui rajoutent des notes aléatoires à la partie du dessus.
Cela va sans dire, nous ne nous arrêtons pas à si peu, et ne nous laissons pas impressionner, comptant nos temps, comparant les accords avec la partie du dessus pour retrouver certaines notes, retrançant la logique d'une phrase, mais cela donne parfois lieu à des cocasseries, des comptes faussés par des accrocs et des trous de vers, et des dialogues absurdes comme
Mélusine: Le machin, c'est une note?
Charles: Non, je crois que c'est une pause, mais qu'en revanche le zigouigoui qui suit, c'est un si bémol et une blanche.
Marie-Suzanne: C'est plutôt une ronde, mais alors si c'est un si bémol, moi j'ai un d sur mon sol et pas un b sur mon do!
Oui, travailler à la Compagnie Oghma, c'est une bonne tranche de rigolade!
Charles.

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