la Compagnie

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Wednesday, October 10, 2012

De la générale.

Deux de nos amis les plus estimés relatent la générale des Confessions de Saint Augustin, à la Chapelle de Jésus-Enfant (Sainte-Clotilde), où ils étaient.

Hier le monde était à l'envers.
Celle qui était habituée à être regardée, écoutée, critiquée se retrouvait sagement assise dans une belle chapelle parisienne pour regarder, écouter et critiquer.
En chaire: Charles Di Meglio répétait sa lecture des Confessions de Saint Augustin.
Quel texte! Les propos sur le théâtre sont bouleversants et tellement justes! Ce qui est dit de l'amour et de l'amitié est vécu, émouvant et tout cela pour nous exhorter à tourner le dos à cette vie terrestre. Pourquoi la vie nous est-elle donnée? Si ce n'est pour nous emmerveiller des beautés qui nous environnent et nous aider les uns les autres à surmonter les difficultés qui jalonnent notre chemin?
Mais revenons à Charles qui, spectral, monte en chaire, le geste sûr et très-éloquent, la voix timbrée, la prononciation surprenante de l'époque baroque donnant à entendre ce texte comme au dix-septième siècle. Il est Saint Augustin mais aussi et peut-être surtout ses relecteurs de Port-Royal et nous sommes pris par le récit de cette vie où les spectacles, l'amour, l'amitié partagent son coeur avec la crainte des pleurs de sa mère, ô combien nombreux, sur la perte de son âme.
Mon metteur en scène s'est mué en très bel acteur pour nous délivrer cette parole.
Il ne me reste plus qu'à attendre qu'il reprenne son rôle premier et me dirige dans Elisabeth Première d'Angleterre!



Christine Narovitch, notre Berma.




Formidable, au sens que ce mot revêt dans la langue classique, c'est-à-dire capable d'inspirer de la peur, c'est ce qui m'est venu en tête lorsque j'ai entendu Charles prononcer les propos de Saint Augustin traduits par Arnaud d'Andilly.
La gestuelle et la prononciation baroques, loin de créer une distance qui éloignerait les modernes que nous sommes, ou que nous croyons être, de ce texte, nous le rend au contraire étonnamment présent.
Une fois pris dans le tourbillon où se mêlent et même se confondent la voix et le corps de celui qui nous délivre ce texte tumultueux et le propos qu'il défend et illustre, il nous semble être à Port-Royal, lorsque ceux qui entendaient, qui défendaient ces textes, couraient les plus grands risques, à la fois face à la colère divine s'ils ne savaient pas les écouter et face aux autorités, dont ils sonnaient comme une condamnation.
C'est à une sorte de court-circuit que nous invite Charles, en nous mettant directement face à la résonance profonde et provocatrice de la voix des Port-royalistes.
Il ne faut pas manquer une occasion rarissime de l'entendre. 



Ivan P. Kamenarović.



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