Si naturellement nombreux sont les peintres qui me fascinent, aucun, sinon peut-être Simon Vouet, ne me touche autant que Philippe de Champagne — à tel point qu'il peut m'arriver de passer au Louvre simplement pour saluer Catherine Arnauld, m'extasier devant ses deux Cènes, me dolir devant la Vierge de douleur, et être tétanisé devant le Christ mort couché sur son linceuil.
Et pour cause: notre cycle reprend les traductions port-royalistes d'Arnaud d'Andilly et de Lemaître de Sacy — il me semble donc évident que le peintre de Port-Royal soit le seul à pouvoir apporter des solutions à ces énigmes! — là où Poussin, ou même Vouet seraient trop extérieurs, presque spectaculaires, et pourraient m'aider pour gestualiser des textes théâtraux ou narratifs, comme ceux de L'Odyssée, Champagne apporte cette subtilité intérieure du geste, pas avec un mysticisme renfermé, mais avec une précision fervente, qui correspond à ce que j'imagine d'une oraison de Saint-Cyran, ou d'un Solitaire en prière.
Définir plus précisemment pourquoi Champagne me touche tant serait y réfléchir, et donc rendre cette sensation formidable (à tel point que, quand j'ai trouvé le geste que j'y cherchai, je continue parfois à parcourir ma monographie, sans cesse surpris, souvent ému aux larmes en retombant sur un tableau que je contemple au lieu de retourner au travail) par trop intellectuelle pour qu'elle ait encore cette puissance exceptionnelle. Je ne préfère donc pas, pour y puiser toujours plus de forces pour tâcher de véhiculer au mieux celles des textes de Saint Augustin que je travaille en ce moment.
Charles.
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