la Compagnie

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Monday, September 17, 2012

De pedis amputatio.


Un pas de basque un peu trop jeté;
Une mauvaise réception,
Crack!:
en l'espace d'un quart de seconde, me voilà avec une entorse de la cheville droite, et surtout le cinquième métatarse cassé.
Je propose aux médecins une bonne vieille amputation, et le remplacement du pied par une des dernières inventions formidables du docteur A. Paré, qu'on en finisse, ça ira bien plus vite, et la récupération se fera en un clin d'œil. 
Me voilà bien déçu lorsqu'on me place simplement un bandage autour du pied (m'enjoignant tout de même à me procurer une botte superatomique pour le maintenir en place), et me déconseille de poser le pied par terre.
Pendant trente jours. 
Soit presque tout le temps qui me sépare de la première des Lectures saintes.

Conclusion: si je devrais être tout à fait rétabli pour ma lectures des Confessions de Saint Augustin, à Sainte-Clotilde, le 21 octobre (à 15h, au 29, rue Las-Cases, dans le 7e arrondissement parisien, évidemment), en attendant, pour travailler comme il se doit, je dois ruser avec mon propre corps pour trouver l'appui dans le sol nécessaire à la déclamation baroque (oui, puisqu'il s'agit de la traduction de Robert Arnaud d'Andilly, de 1649). 
Pour finir de mettre en place ma gestuelle, pas de problème: je me mets à genoux sur une chaise haute, rendue confortable par un bon coussin bien molletoné, face à mon pupitre et mon miroir, mais pour déclamer et trouver l'énergie nécessaire à véhiculer verbalement ce texte si riche et dense, c'est bien moins pratique. 
Alors j'essaie des trucs, je garde mon pied infirme en l'air, prenant équilibre sur une béquille, puis, tente la même chose, avec mon talon planté dans le sol (j'ai le droit!), ne suis pas convaincu, réssaie à nouveau autre chose, pour me rendre tout de même capable de répéter, et ne pas prendre du retard sur le planning déjà très strict que je m'imposais avant l'accident. J'essaie assis aussi, pour répéter le texte comme on reverrait une partition musicale, pour en mémoriser les lignes, les tenues, le phrasé, sans trop pousser sa traduction. 
Mais que l'on ne s'inquiète pas: tout ira bien, et cette déclamation des Confessions devrait malgré tout parvenir, malgré les aléas de ses répétitions, aux hauts objectifs que je promets: de faire ré-entendre ce texte à travers le véhicule de la déclamation baroque, dans toute sa force et sa spiritualité.
Charles.

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