Un Carnaval singulier est venu animer ou devrions-nous plutôt dire hanter, la cage d'escaliers des studios oghmiônes ce dimanche 27 février 2011.
Entre hanter ou animer, mon cœur balance encore: les robes massives et veloutées, de soie, de lin ou de dentelle, révélaient à la lumière des projecteurs et des flambeaux des anfractuosités parfois monstrueuses; le badinage joyeux des couples volant leur baiser dans les escaliers, devenaient subtilement une danse macabre de masques inexpressifs, inertes et fantômatiques.
C'était un Carnaval bien étrange.
Je n'ai vu la Peste et le Cardinal que de dos, j'ai senti l'immense cape noire de la maîtresse de maison qui me suivait, j'ai regardé les autres filles qui tentaient de descendre les escaliers dignement malgré leurs robes dix-septième, et leurs amants persistants.
Ce jour là, j'ai eu la chance d'être assistante et figurante : les maquiller, et me maquiller, les habiller tout en m'habillant, les éclairer tout en l'étant moi-même, d'être et derrière et devant la caméra, en somme assister Charles de façon double.
La cage d'escaliers a résonné cinq heures de deux voix : la voix symphonique de Gustav Mahler, lancée à pleine puissance, pour donner la cadence au défilé, et la voix orchestrale de Charles, dirigeant, interpellant, grognant, comptant et battant la mesure, s'extasiant, au passage de la Peste, de celui de Lord Athur Savile, des couples, des amants...
On regrettera presque que le film soit muet, car, quel plaisir aurait-on eu à entendre ces rugissements mêlés d'indications, et d'encouragements que Charles déclamait au rythme de la musique, derrière sa caméra!
Zelda Bourquin, première assistante à la réalisation.
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