La saison 2015–2016 qui s’est achevée au mois de juillet par l’Oghmac, notre fête du théâtre baroque en Périgord noir, a été la saison du rire et plus particulièrement celle de la satire: du monde de la
justice avec Racine, des amours interdites et tragiques avec Scarron…
Comment présenter, alors, la saison 2016–2017? Le calendrier politique voudrait en faire une saison plus sérieuse. Nous en tiendrons compte. Dans les sujets traités, uniquement. Parce que, cette saison encore, la Compagnie Oghma entend bien essayer de vous faire rire, de vous divertir et, surtout, de vous faire voyager.
Pour cela, nous
répartirons nos activités entre la Dordogne-Périgord, où la Compagnie est implantée, le
Théo Théâtre à Paris, avec lequel nous collaborons depuis maintenant quatre ans
et dont nous apprécions la programmation éclectique et exigeante et bien sûr,
nos tournées à travers la France diffusant nos spectacles.
Tout d’abord, la
Reine Vierge reviendra.
Elizabeth R., spectacle
plébiscité et déjà prolongé, autour de cette figure légendaire d’une Angleterre
rayonnante ouvrira notre saison. Nous espérons que vous serez heureux de
découvrir (ou plutôt de redécouvrir) le courage politique et le charisme émanant des
discours d'un chef d’Etat hors du commun devant ses troupes ou ses ministres, la pureté et la
spiritualité habitant les prières du Gouverneur Suprême de l’Eglise d’Angleterre, ainsi que la richesse et
la poësie de la correspondance amoureuse de la Reine Vierge, après la mort de
laquelle s’éteignit la lignée des Tudors. Pour notre plus grand plaisir,
Christine Narovitch incarnera ainsi à nouveau, avec justesse et élégance, cette
reine mythifiée, tous les mercredis d'octobre à décembre.
La politique sera
également, plus incidemment, au cœur de notre grande production de la saison:
après s’être attaquée par deux fois à Racine, la Compagnie monte Amphitryon, de Molière. La création de ce
qui constituera notre première pièce de cet auteur (il était temps!) se
fera en Périgord, à Montignac-Lascaux, le 11 février 2017, avant une
programmation à Paris à partir du 24 février.
Si le propos de ce
mythe apparaît des plus légers, la dimension politique qui l’habite donne à sa
réécriture une dimension férocement subversive et impertinente. Dieux joueurs, mortels
ridiculisés et épouses abusées? Peut-être, mais aussi puissants arrogants,
peuple violenté, femmes méprisées. L’ambivalence dont cette œuvre est animée,
en plus de laisser Jupiter d’accomplir, métamorphosé, tous ses forfaits,
pourrait bien également avoir permis à cette comédie d’éviter la censure qui
avait déjà frappé Tartuffe trois ans auparavant. Une ambivalence toute baroque, pour une pièce d’une puissante
modernité.
Cette création sera
l’occasion de faire croiser à nouveau sur scène plusieurs des comédiens déjà applaudis
dans nos précédentes productions: Manuel Weber, Ulysse Robin et
Romaric Olarte. Mais elle nous permettra en outre de vous présenter les
visages de ceux qui les rejoindront: Pauline Briand, Valentin Besson et Joseph
de Bony.
Avec cette
comédie, Charles, Magister
artium noster, vous proposera également une nouvelle vision du baroque.
Loin de l’univers provincial des Plaideurs, vous serez invités à un divertissement
de cour, présentant le faste et l’éclat du Versailles du Roi Soleil, dont la
toute-puissance est si malignement égratignée par Molière.
Une création vive et
colorée, pleine de broderies, soieries et dorures, qui constituera le cœur de
notre programme.
Enfin, la saison se
poursuivra à partir du 31 mai 2017 avec un spectacle autour des Fables de La Fontaine, présenté par Elsa
Dupuy et Charles Di Meglio. Ce spectacle, créé à l’Oghmac 2016, permettra de découvrir une autre facette du baroque, à la scénographie d’une sobriété surprenante mais aussi tout en mouvements et en audaces
(pensez-vous: un comédien, horresco
referens, serait apparu de profil sur scène pendant le festival).
Une occasion, avant
tout, de donner vie aux vers de La Fontaine, à ses apologues facétieux, pour
certains méconnus et dont la sagesse résonne toujours
avec la même intemporalité.
Et puis, naturellement,
après quelques tournées, de nos Plaideurs et Fables, la
Compagnie rentrera en Périgord pour la troisième édition de l’Oghmac, du 24 au
31 juillet 2017. Au programme cette année: la figure féminine au XVIIe
siècle. Pour cela, nous vous préparons un menu de choix, avec des artistes
invités, des créations et d’autres surprises qui vous seront dévoilées le
moment venu.
L’intimité d’une
souveraine d’exception, la richesse et la vitalité d’un mythe millénaire,
l’intelligence de fables parfois méconnues…
Et si ce que la Compagnie
Oghma se proposait de faire cette saison, c’était justement de révéler ce qui est caché?
Alexandre Comolet
président de la Compagnie Oghma
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