Une reprise, c'est généralement un peu plus facile qu'une création: on sait où l'on va, on connaît bien sa partition, ses déplacements, l'œuvre sur laquelle on travaille, et généralement le lieu dans lequel on jouera, et les surprises sont moins terrifiantes.
Cela ne veut pas dire pour autant que c'est ennuyeux, puisque cela permet de rectifier aussi quelques erreurs qu'on aurait commises lors de la première version, de revoir certains textes — comme ce sera le cas en octobre lorsque nous reprendrons notre Elizabeth R., avec un nouveau texte et des costumes plus détaillés — et, dans tous les cas, de revenir avec plaisir et hâte à un spectacle que l'on a aimé présenter, et que le public a plébiscité.
Dans cinq jours, nous reprenons les Excellentes Inventions de Tobias Hume, créées en mars à Paris, et données il y a une petite semaine à Limoges, à chaque fois devant une assistance volubile en éloges.
Mais ce n'est pas qu'une reprise, avec son confort. Car si notre spectacle marque notre présence en Périgord pour la première fois, il nous donne surtout l'occasion de jouer dans le cadre plus qu'unique du château de l'Herm — un lieu qui me fait rêver depuis la première fois que j'y suis allé avec mon gran'père à moins de dix ans, le retrouvant depuis toujours avec la même joie, mais aussi la même crainte, tant revêtu de mystère qu'il est.
Un spectacle se doit de s'adapter à son lieu de présentation, et c'est un effort que nous faisons toujours, naturellement. Et là, il faut être à la hauteur de celui-ci — d'autant qu'il se prête plus qu'avantageusement à mon idée initiale du programme: tenter de retracer la vie d'un mercenaire anglais, soldat mais aussi compositeur, homme bravache mais qui se permet aussi de se laisser aller à sa mélancolie sans flagornerie, à travers sa musique et ses rares textes.
Et si les deux musiciennes de l'Ebo, Mélusine et Julie ne me rejoignent dans notre fief que dans deux jours, quand commenceront effectivement ces nouvelles répétitions, les ateliers de la Compagnie sont malgré tout en ébullition, sciant, cousant, peignant — pour nous emparer du lieu tel qu'il le mérite, construisant, recréant tout à nouveau — car c'est finalement pratiquement un tout nouveau spectacle que nous proposerons, pour une présentation exceptionnelle. Nous sauterons partout dans le château, qui sera véritablement en état de siège comme au seizième siècle quand il a été construit, avec des soldats rôdant autour du donjon paré des couleurs de ses seigneurs (en l'occurrence les Calvimont), les explosions qui feront rage tout alentour, les flambeaux qui permetteront, stratégiquement placés, d'y voir assez pour défaire l'adversaire sans l'aider pour autant, noyé dans les brumes du champ de bataille fumant — au centre duquel la musique de Tobias Hume viendra résonner de sa force.
Enfin, après une visite il y a quelques jours dans le château déserté de ses nombreux visiteurs habituels, mon plan de bataille est prêt, et la hâte d'y être à nouveau est grande.
A lundi!
Charles.
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