la Compagnie

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Monday, May 13, 2013

Des beaux restes.


Les Confessions de Saint Augustin, dans la traduction d'Arnauld d'Andilly, que je présente dans notre cycle des Lectures saintes, c'est naturellement des heures de travail, et je ne compte pas le temps passé entre août et novembre, tant à potasser mon édition de 1773 (je n'ai pu hélas encore mettre les mains sur l'édition originale de 1649), que surtout les sélections que j'en ai tirées.
Mais depuis novembre, je n'y ai plus touché — d'autres projets m'ont accaparé, et puis ce n'était pas tout à fait nécessaire encore.
Je craignais donc, m'y remettant maintenant pour préparer la représentation du Mois Molière à Versailles, le 17 juin prochain, qu'il n'en restât pas gran'chose — que le texte allait m'échapper, que je ne l'aurais plus en bouche, et qu'il me faudrait déchiffrer tout à nouveau comme si c'était la première fois — forêt trop longtemps laissée à l'abandon qu'il faudrait défricher sauvagement pour la pouvoir traverser à nouveau.
Cependant, et c'est en réalité une impression sans cesse ressentie lorsqu'on œuvre à une reprise, mais qui ne laisse pas de surprendre à nouveau à chaque fois, hé bien, sans vouloir me flatter d'aucune sorte, il y a de beaux restes.
Je n'irais pas jusqu'à dire que le texte est encore su par cœur, que la gestuelle revient toute seule (je n'en suis pas de toute façon à me la remettre tout à fait encore, elle interviendra un peu plus tard dans le processus), mais je découvre avec émerveillement combien, sans que j'y touche, ni y repense formellement, mon travail précédent est resté, et surtout même, a grandi pendant cette latence — car si l'émotion a encore du progrès à faire pour être au moins égale à celle des premières représentations, si parfois je me laisse encore entraîner par le rythme et la musique des mots, sans leur accorder la force qu'ils méritent et doivent avoir, je suis le premier surpris de voir que le phrasé est plus fluide, plus doux, les phrases plus tenues jusqu'à leur dernière extrémité, que, finalement, la rhétorique si forte d'Augustin, et qui m'a toujours tant impressionné et bouleversé en ressort mieux encore.
Car, malgré moi — sans doute nourri de mes autres lectures (je me suis remis à celle de la Bible par exemble, et d'autres ouvrages d'Augustin, tout au long de la saison, pour saisir mieux les enjeux des différents textes du cycle des Lectures saintes, leur contexte, la force qu'en retiraient les Port-Royalistes), et de mes autres travaux, acquérant une aisance sans cesse plus grande dans l'exercice périlleux de la déclamation baroque tandis que les différentes lectures s'enchaînaient, aisance naturellement remise en question à chaque nouveau texte, à chaque nouveau travail, comme celui sur Elizabeth première, passé au crible de ladite déclamation, mais, aussi à celui de la langue anglaise, et de sa prononciation de l'époque — la chose a évolué, grandi — je me surprends même parfois à refaire la gestuelle que j'avais fixée qui devient par à-coups nécessaire, sans que j'y pense, ni tente de la reproduire — et cela me laisse plein d'heureuses attentes pour la suite du travail.
Charles.

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