la Compagnie

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Monday, September 28, 2015

Le Président vous parle de notre dixième saison en rigolant.

Le rire a plutôt réussi à la Compagnie durant la saison dernière, les reprises de nos programmes pendant tout l'été à de divers festivals ainsi que l'enthousiasme qui a accueilli notre création Léandre & Héro, en témoignent. 
Bis repetita placet, faisons rire à nouveau le public de la Compagnie! Il faut dire que pour notre part, ça ne nous a pas déplu ce burlesque irrésistible du grand Scarron. 
Surtout, la Compagnie s'est agrandie et ils nous fallait une production digne des talents qui nous ont rejoint! Votre serviteur a tout naturellement songé à Molière… Notre Directeur Artistique a opté pour un autre auteur, au moins aussi éminent et nous vous avons concocté un programme digne de ce nom pour la saison qui commence.


Cette fois-ci, ce sera le traditionnel concert de l'Ebo, l'ensemble musical de la Compagnie Oghma, qui ouvrira la saison, avec Un Portrait de l'Amour, les 12 et 13 novembre dans le superbe temple du Pentemont, rue de Grenelle. Julie Petit, qui a rejoint l'Ebo en 2014, a élaboré avec la Compagnie un programme autour de pièces de François Couperin et de textes de Molière — tout vient à point à qui sait attendre… — porté par un ensemble considérablement diversifié pour un tableau galant et coloré.
Cette saison, c'est également une année phare dans l'histoire de la Compagnie, puisque ce sera notre dixième saison de programmation continue. Alors puisqu'il est de tradition chez nous de ne jamais laisser passer une occasion de s'adonner à quelque célébration, Charles a décidé de faire revivre quelques grands succès des saisons passées.
Nous donnerons ainsi à nouveau Léandre et Héro et The Most Excellent Inventions of Captaine Tobias Hume, respectivement en mai au Théâtre du Gouvernail et en juin au Temple du Pentemont, dont nous faisons notre place forte pour notre programmation musicale de cette saison. 
Mais il est temps enfin de vous présenter notre grande création de l'année à venir… Les multiples photos et newsletters avaient pu vous mettre la puce à l'oreille, de même que la campagne Ulule au cours de laquelle vous nous avez accordé massivement votre confiance et votre soutien: nous montons cette année Les Plaideurs, l'unique comédie de Jean Racine, satire féroce et - hélas - loin d'être datée, de la justice, des professions judiciaires et des justiciables procéduriers. Le voilà donc, ce rire! Et c'est avec un grand enthousiasme que nous nous sommes (depuis quelques mois déjà) lancés dans ce projet. Aussi, pour nous assurer que vous ne manquerez pas cet évènement, la pièce sera diffusée, après une création en notre fief périgourdin, pendant trois mois du 19 février au 30 avril 2016 au Théo Théâtre. 
C'est avec cette pièce que nous pouvons accueillir cette année trois nouveaux comédiens qui débutent une collaboration que nous espérons fructueuse avec la Compagnie Oghma et pour certains d'entre eux leur formation baroque auprès de Charles. 
Vous y retrouverez naturellement Charles Di Meglio que nous ne vous présentons plus, qui met une nouvelle fois en scène et sera l'auteur des costumes comme pour Léandre & Héro, Christine Narovitch, grâce à qui vous avez pu découvrir les saisons passées l'existence édifiante de la Reine vierge avec Elizabeth et qui renoue avec la tradition racinienne de la Compagnie après avoir été notre Phèdre en 2008, ainsi qu'Elsa Dupuy et Ulysse Robin qui ont fait leur entrée dans la Compagnie avec Léandre & Héro.
Nous rejoignent ainsi Romaric Olarte et Mikaël Mittelstadt, qui poursuivent leur formation au théâtre baroque au sein de la compagnie et Manuel Weber, déjà rompu à ses codes et à ses exigences et dont le nom et le visage ne seront pas inconnus aux plus baroqueux d'entre vous.
Ces projets réjouissants et ces nouvelles enthousiasmantes ne seraient rien sans la perspective de pouvoir les partager avec vous, que nous avons la joie de voir chaque année plus nombreux. Cette saison, en effet, c'est un peu plus la votre que les années précédentes, puisque c'est grâce à votre participation à notre campagne Ulule que ce projet des Plaideurs peut ainsi prendre forme. Souhaitons qu'elle le soit jusqu'au bout, grâce à votre soutien qui nous porte tant, à votre enthousiasme et aux encouragements dont vous nous témoignez jour après jour et saison après saison. A très bientôt donc, pour une saison nouvelle que nous vous souhaitons pleine d'audace, de qualité et baroque
Alexandre Comolet, Président de la Compagnie Oghma.

Sunday, May 31, 2015

Du trait à la couleur.

Tout costume commence par un trait. D'abord un trait de crayon sur le papier, pour le dessiner, le façonner une première fois en donnant l'allure générale au personnage. Un trait en noir et blanc, suivi par d'autres, croisés par d'autres encore, détaillant les matières, les plis, le tombé de chacun des éléments, encadrant le dessin final de consignes et de points importants. Des lignes, comme lorsqu'un peintre prévoit son tableau, dispose ses personnages dans l'espace, leurs regards, la lumière.
La saison prochaine, notre dixième, nous montons un projet un peu fou: Les Plaideurs de Jean Racine, sa seule comédie. Devant l'ampleur du décor et le nombre des costumes à réaliser pour cette nouvelle production, nous avons lancé une campagne Ulule pour les financer. Et l'élan qui a été témoigné à cette campagne est jusqu'à présent exceptionnel et impressionnant. Quelques uns de nos soutiens ayant choisi de nous aider en nous envoyant un chèque (car, oui, vous pouvez également nous envoyer vos contributions par chèque à l'ordre de la Compagnie Oghma si vous préférez et elle sera portée à la cagnotte! — écrivez-nous pour que nous vous transmettrons notre adresse postale), nous avons d'ores et déjà pu investir dans une partie des tissus des costumes et j'ai ainsi pu me lancer dans la confection de l'un d'entre eux: le pourpoint de soie céladon que portera Léandre,(oui: nouvelle pièce, nouvelle production, mais encore un Léandre, dont Elsa sera encore amoureuse — cette répétition m'amuse beaucoup!).



Mais revenons à nos traits. Car d'autres suivent les premiers au crayon: sur du tissu cette fois-ci, tandis que l'on reste dans une anticipation des matières, des couleurs: on trace à la craie les lignes de coupe, les coutures sur la toile à patron. Avant de l'assembler dans ce qui sera en quelque sorte le brouillon du costume. A ce stade, le rendu final ne se reflette que dans mon imagination, et il sefaut  projeter dans les couleurs et les matières pour avoir une idée de ce à quoi ressemblera la chose finie.

Essayages, retouches. A nouveau des lignes: celles du corps de l'acteur auxquelles j'ai tâché d'adapter mon patron, celles du tissu qui, si besoin est avec quelques épingles, épousent celles de l'acteur.
Puis on découd, on trace d'autres traits. C'est prêt: c'est cette fois-ci dans le tissu définitif. Tissu définitif choisi avec soin, parfois après plusieurs heures passées à chercher la bonne couleur dans la bonne matière (les couleurs baroques n'étant plus tant celles qui sont à la mode, il m'aura par exemple fallu près de trois heures pour trouver la couleur parfaite de la doublure plus claire du pourpoint)
Et là le miracle commence à opérer, le costume semble prendre une nouvelle vie: celle qu'on lui a toujours imaginée, celle qu'on a rêvée. D'un monde en noir et blanc, un peu raide, on plonge dans la chatoyance baroque. C'est un peu comme si, après l'avoir toujours vue dans une copie en noir et blanc, on redécouvrait la grande scène du bal colorée du Fantôme de l'Opéra de Rupert Julian avec Lon Chaney: la magie nous happe et l'on n'a plus la même chose devant les yeux. On passe des lignes brutes et un peu raides gravées dans le bois à l'ukiyo-e finie, les couches de couleurs ayant peu à peu imprimé le papier de riz. Un monde de couleurs, de reflets, de matières, que l'on n'imaginait déjà presque plus: on est passé du trait à la couleur.


Si ce ne sont encore que des épingles qui tiennent assemblées manches et basque sur notre mannequin Ferdinand, déjà je découvre, les yeux pétillants d'étoiles émerveillées, le spectacle prendre un peu vie et nous voilà repartis en voyage vers le dix-septième siècle!
Si nous sommes suffisamment proches de l'objectif de notre campagne pour nous lancer dans de telles expéditions, nous n'y sommes pas encore et ainsi, pour multiplier ces yeux enthousiasmés et emportés par nos costumes (sans oublier notre décor), continuez à nous soutenir (par chèque aussi donc, si vous le souhaitez): chaque euro compte, nous importe et nous fait chaud au cœur. N'oublions pas que nous ne pourrons bénéficier de votre soutien hors-normes que si la somme finale (ou plus) est récoltée. N'hésitez donc plus: le soutien qui nous a été montré jusqu'ici est formidable, tout comme nous espérons que le seront nos costumes et décor
Parlez-en aussi avec force autour de vous, Facebook, Twitter et alli sont aussi d'excellents relais: plus l'aide qui nous est apportée sera grande, plus les constellations d'émerveillement se répandront, d'abord dans nos studios, mais surtout à partir de février lorsque nous aurons la joie de vous présenter le spectacle!
Charles.

Wednesday, February 11, 2015

De Leander vox populi.


Léandre et Héro, ode burlesque de Paul Scarron, se joue depuis mardi au théâtre de l'Ile Saint-Louis, 39, quai d'Anjou à Paris. Un premier spectateur enchanté nous évoque la représentation qu'il en vue.


Un spectacle beau, agréable et simple. Une charmante histoire jouée et racontée devant les spectateurs dans l'intimité d'une petite salle à la seule lumière des bougies.
La déclamation baroque nous amène dans un style de jeu très particulier avec son propre mode de Parole et sa propre façon de bouger. Inhabituel, un peu déroutant aux premiers instants pour qui ne connait pas, mais certainement pas désagréable car les deux comédiens et la comédienne tirent entièrement parti de ce que permet cette déclamation en terme de gestes et de manières d'adresser une parole (des manières qui, souvent, ne pourraient exister dans une diction et une gestuelle contemporaine). 

On nous conte une histoire, celle des amours de Léandre et Héro: un narrateur nous la donne en mots et gestes, et dans le même temps et le même espace, les deux amants la vivent. La cohabitation du narrateur et des personnages ne nous gêne pas le moins du monde, car tous se rejoignent dans un même but: nous raconter l'histoire, à nous, spectateurs. Et c'est ce qu'il y a de plus agréable dans ce spectacle, au travers du jeu baroque et dans cette toute petite salle: le spectateur n'est jamais ignoré. C'est à nous qu'on parle. Presque tout nous est adressé, si bien qu'on se sent perpétuellement invité à suivre ces deux amants dans leurs péripéties. Le jeu est ici au plus sincère, au plus proche du premier degré et toutes les émotions traversent les comédiens avec une ampleur haute et puissante qui fait se mouvoir leurs corps. Et ça nous atteint. Et ça nous touche. Car dans ce type de jeu si particulier, on reconnait bien, grandi par les gestes et la paroles, l'amour, la naïveté de la jeunesse, le chaud tempérament de l'adolescence, l'émerveillement des premiers ébats, tous interprétés avec brio par les deux protagonistes, Ulysse Robin et Elsa Dupuy. Le narrateur a certes une certaine distance avec l'histoire, mais il n'est pas neutre pour autant et a souvent son mot à dire sur ce qu'il pense de l'histoire en question, n'hésitant d'ailleurs pas à prendre à parti le spectateur.
En tant que spectateur, on a le désir de profiter au maximum de ce spectacle, parce qu'il nous fait du bien. En ce qui me concerne, j'en suis sorti avec l'envie de jeter des confettis.
J'encourage ceux qui n'ont pas encore vu ce spectacle à prendre un peu de temps sur leur soirée (moins d'une heure, ce qui soit dit en passant est assez rafraichissant par rapport aux temps de spectacle habituels) pour marcher, voguer ou nager jusqu'à l'Ile Saint-Louis et partager l'aventure de Léandre et Héro.

Romaric Olarte