Elizabeth R., autour des textes de la Reine vierge, c'est fini pour la saison — mais elle revient dès le mois d'octobre.
D'ici là, en voici un rapport qui nous fait rougir d'une spectatrice aussi émue que nous le sommes à la lecture de ses lignes.
Je me suis réveillée ce matin en me disant: comment se fait-il que j'ai tant aimé cette mise en scène et la parfaite direction d'acteur, alors que ce spectacle, sa forme, ne correspond en rien à ce que je connais théâtralement parlant?
J'y ai vu comme un grand poëme épique onirique d'une beauté inouïe, comme un tableau en mouvement avec une gestuelle d'une grâce absolue, des mimiques retenues et pourtant expressives, comme le tableau en mouvement d'une Reine au pouvoir absolue, masquant à tous propos sa profonde sensibilité d'une façon indicible.
Dans une ambiance de clair-obscur à la Rembrandt, provoqué par cet éclairage sublime à la bougie on est tout de suite transporté dans l'univers irréel des icônes qui peuplent nos rêves. Elizabeth R., devenue mythe sous la palette de son interprète Christine Narovitch et celle de son metteur en scène Charles, comme le sont les grands personnages lyriques! Et le personnage de l'homme, tenu par Charles, aussi m'a beaucoup intéressée. A la fois fidèle courtisan et manipulateur, il m'est apparu d'une étrangeté diabolique. Sa danse avec Elizabeth, à la fois baroque, inquiétante et drôle (quel paradoxe!) m'a enchantée. Et puis que de grâce dans ses déplacements, comme un glissement ensorcelant devenu musique par ses mains.
J'ai aussi beaucoup pensé à la poëtique d'un François Villon, aux chansons de gestes du Moyen-Age, aux fantômes qui hantent la nuit les musées.
Je n'avais rien lu des intentions du metteur en scène, j'ai simplement laissé courir ma sensibilité tout au long de ce spectacle d'une grande hauteur.
Danièle Fouache.